Yasmine Hugonnet

Saisit-on tout à fait les phénomènes qui lient corps, mouvement et espace ? Quelle opération mentale fait naître des figures dans la contemplation de la danse ? Est-il réellement possible de ne pas bouger du tout ? Solo conceptuel mais hypersensible, La Peau de l’Espace donne à sentir et à comprendre les petits miracles que produit toute présence active ou passive dans un volume d’air. Gravité, persistance, plein, vide, immobilité/mobilité : telles sont les coordonnées de base de l’art chorégraphique qu’explore ici Yasmine Hugonnet, le long d’une digression dansée qui la mène à éprouver physiquement toute une gamme de concepts. Scientifique ou poétique d’une minute à l’autre, l’exposé s’élabore au gré d’un jeu de stabilité de la danseuse, tandis qu’à l’oral des exemples concrets orientent notre attention sur les mystères de la motricité – cet astronaute américain qui parvenait à s’oublier en apesanteur, ce boucher britannique qui a perdu la sensation de son corps un beau matin, l’étrange érotisme d’une main inactive quand on la fait glisser sur soi. Par sa simple présence, un peu de ventriloquisme, et l’aide de deux chaises, la chorégraphe et interprète suisse tente ici une petite métaphysique de la danse pour faire vibrer nos neurones-miroirs. 

Yasmine Hugonnet à reçu le Prix du Spectacle suisse de danse 2021 avec La Peau de l’Espace